Coucours d'écriture #2 : les poèmes
Cela doit faire longtemps que vous l'attendez, mais la voici : la liste des gagnants du concours d'écriture de Noël ! Aujourd'hui, je vais énumérer les cinq vainqueurs de la catégorie poème. Le classement des nouvelles (plus longues à lire et à juger), sera donné dans quelques semaines.
Je rappelle l'idée : toute personne, adulte ou enfant, était invitée à m'envoyer un de ses textes les plus beaux. Il n'y avait aucun thème imposé.
Avant d'énoncer les résultats, je souhaitais remercier R.M, pour ne pas le nommer, qui s'est porté volontaire pour être jury à mes côtés et aider dans la sélection des textes.
Je souhaitais également remercier l'ensemble des participants, évidemment, qui, nombreux, ont répondu à l'appel (pour information, j'ai reçu plus de 40 poèmes), ce qui m'a permis de lire plein de choses diverses et variées, ce fut compliqué mais très enrichissant.
Sans plus attendre, voici les résultats !
#5
Ma déesse
Par Sullivan Farade-Maïkoouva
Elle était là, ma déesse
Ma princesse aux pieds nus
Mon insondable vérité
Ma parfaite identité
Elle était là, ma déesse
Une lueur dans mes nuits noires
Mon bouclier devant l’adversité
Pour mon corps, mon esprit et mon âme
Elle était là, ma déesse
Mon infini, mon tout
Elle était tout pour moi
Et maintenant, elle n’est plus
Elle n’est plus là, ma déesse
Celle qui m’a donné la vie
Ses yeux ne me voient plus
Je suis nue dans l’obscurité.
Bien que sans rimes, ce poème est beau et touchant. L'auteure a su mettre des mots sur ce qu'elle traverse et ses émotions, lesquelles sont parfaitement retranscrites dans le texte.
#4
Le cheval et la licorne
Par Audrey GC
Un destrier fier et fringant,
Dans le pré, trottait noblement.
Etalon alezan, le garrot haut ;
Son harem de juments le trouvait beau.
La jambe fine, le port altier ;
Il était Pur Sang à n’en point douter.
Une licorne non loin de là,
Blanche et calme, à l’orée du bois
Dégustait l’herbe parfumée.
Elle portait sur son front une corne dorée.
Le cheval souhaitant l’impressionner
Mit en avant ses qualités :
Sa bouche, ses pieds, son nez,
Sa crinière et sa queue
Au crin si doux et soyeux.
Mais la licorne paissait sans ciller.
Alors, il exécuta des tours maîtrisés :
Il fit deux pirouettes, cabra habilement,
Puis demi-volte et piaffa élégamment.
Il fit même le pas espagnol cadencé.
Rien n’y fit. L’impolie ne daigna pas lever
De la verdure le bout de son nez.
« Ne vois-tu pas comme je suis magistral »,
Hennit tout à coup le cheval.
« Tu sembles être la seule de ce pré
À ne pas l’avoir remarqué ».
La licorne leva les yeux, sourit,
Et retourna à ce qu’elle avait entreprit.
Le cheval fut contrarié.
Nul animal n’avait osé
Ainsi le traiter ! Par conséquent,
Une fois n’étant pas coutume,
Il ravalerait son amertume
Et mettrait en avant ses augustes talents ;
« Sais-tu que les humains m’aiment à la folie ?
Ils sont prêts à tout pour me domestiquer !
Leur estime pour moi est infinie.
Synonyme de puissance et de liberté,
Je suis essentiel à leur quotidien.
Leurs petits aiment brosser mon poil et mon crin ».
Attentif, les oreilles pointées vers l’avant,
L’offensé, aux anges, était sûr d’avoir fait mouche.
Le silence s’installa un instant.
Puis la licorne dit, de l’herbe plein la bouche :
« Je suis enchanté pour toi, mon ami.
C’est tout pareil pour moi aussi.
Les humains m’aiment et m’admirent.
Il n’y a rien d’autre à en dire ».
Le cheval plaqua ses oreilles en arrière.
« Peux-tu, comme moi, te vanter
Dans les arts, les inspirer.
Jadis sur les parois des grottes ils me peignèrent.
Statuette, tapisserie, tableau ;
Pour me glorifier, rien n’est trop beau ».
Le cheval était fier de lui.
Ceci devrait clouer le nez de l’effrontée.
La licorne reprit : « Tout pareil, mon ami,
Comme j’ai déjà expliqué ».
Le cheval couina d’insatisfaction
Comment osait-elle ! Quel canasson !
Se croyait-elle à la hauteur d’un étalon ?
« Et bien, que penses-tu de cela ?
Une constellation porte mon nom.
Jusque dans les étoiles l’on me voit.
Je suis une inspiration, sans me vanter.
Un héro, une divinité ».
Le cheval était persuadé
De lui avoir enfin rabattu le caquet.
Mais bien loin d’être impressionnée,
La licorne répliqua, simplement :
« Décidément, les humains nous aiment autant,
Car encore une fois, c’est tout pareil pour moi ».
Le cheval rua d’irritation.
Non, non et non !
Cette bête ne pouvait pas avoir raison.
« Mais qu’es-tu toi avec ta corne sur le front ?
Une chèvre ? Un narval ?
Un rhinocéros qui se prend pour un cheval ? »
La licorne ne dit pas un mot.
Qu’ajouter à ces tristes propos ?
« J’aimerai bien savoir, chère amie
A quoi te sert cet appendice superflu.
Il est doré et c’est joli
Mais c’est une corne, rien de plus.
Allons, dis-moi à quoi
Peut bien te servir cette chose là ? »
La licorne, sans doute un peu agacée,
Répondit en toute simplicité :
« À ça ! ». Et dans un geste élégant de la tête,
Elle agita sa corne comme une baguette,
Faisant disparaître l’autre bête
Dans un nuage de paillettes.
Une fois la brume dissipée,
Nous aurions tous pu constater
Que le majestueux étalon
N’était plus qu’un modeste et mignon
Poney d’un mètre au garrot
Certes petit, mais toujours aussi beau.
Et la licorne dans tout ça ?
Elle finit tout simplement son repas.
Original, ce poème s'apparente complètement à une fable. Le vocabulaire soutenu contraste avec l'histoire très décalée de la licorne et du cheval. Le rendu final est vraiment très bien, on sent qu'il y a du travail derrière (d'ailleurs c'est le plus long des cinq poèmes sélectionnés).
#3
Vas-y, cogne !
Par David99
Le temps d'un regard, le temps d'un sourire,
Bombarde-moi de ton silence.
Aiguillonne un à un tous mes sens
Au seul bruissement d'un suave soupir.
Puis, assène-moi des murmures,
Souffle-moi des mots qui perforent,
De ceux qui crient très fort
Alors qu'on les susurre.
Allez vas-y, déclenche
D'inattendues, d'indomptables tornades.
Dégoupille ainsi tes grenades,
Ta jolie bouche a carte blanche.
Titille-moi de tes lèvres troublantes,
Bouscule-moi de tes mots, offre-moi des bourrades.
Tandis que mon cœur poursuit ses folles galopades,
Claironne-moi tout bas des paroles vibrantes.
Adresse-moi, de ta voix de satin,
Les légers chuchotis qui me muent en toupie.
Percute-moi de mots doux, envoie-moi au tapis,
Déguise Cupidon en joyeux diablotin.
Empoigne-moi de tes mots duveteux,
Glisse-les moi tendrement à l'oreille.
Ah, fais-moi virer de rose pâle à vermeil,
Renverse-moi de tes mots capiteux.
Terrasse-moi de tes mots veloutés,
Enivre-moi de tes mots si sucrés,
Éblouis-moi de leurs reflets irisés,
Et puis, câline-moi de leur brutalité.
Oui, assène-moi, assène-moi des murmures,
Souffle-moi les mots qui perforent, oh souffle les moi encore,
Tous ceux qui crient, tous ceux qui crient très fort
Alors que tu les susurres.
La sélection personnelle de R.M ! D'ailleurs c'est le seul poème d'amour de notre top 5 mais, étant un sujet très présent dans la poésie, j'en ai reçu beaucoup. Celui-ci est particulier, il est percutant et poétique. Voilà pourquoi R.M a voulu le mettre en avant.
#2
Dans l’affliction
Par Sapin
Dans l’affliction.
Je fais un peu semblant.
Un peu seulement.
Écrire et se perdre dans les mots.
Même si c’est beau.
Je voudrais chialer.
Quand je me relirais.
Je stagne dans un texte.
Tous mes écrits sont une suite infinie.
Je n’aurais jamais vraiment fini.
Y aura toujours un truc triste à dire.
Quand certains poèmes sont longs, détaillés, complexes, d'autres font preuve d'une simplicité rare. Quelques mots, quelques phrases, peuvent faire ressortir le plus profond de soi-même. Cette simplicité et honnêteté vaut pour moi la deuxième place du classement.
#1
ALZHEIMER
Par Philippe Pauthonier
Étage des « Alzheimer »,
Enceinte sécurisée,
Lieu des mémoires brisées,
Je rends visite à ma mère.
Ici, de fil en aiguille,
C'est la vie qui vacille.
Les jours tricotent l'oubli
Et tissent le voile de la nuit.
Quelques lambeaux de souvenirs,
Elle esquisse un sourire,
Rayon de soleil éphémère
Avant de baisser ses paupières.
Apprécie-t-elle encore quelque chose ?
Dans son regard, un éternel ennui.
A-t-elle remarqué le bouquet de roses
Que j’ai disposé sur sa table de nuit ?
Mes mots d'amour rebondissent
Sur un mur de silence,
Étranges instants où s'unissent
La présence et l'absence.
Notre préféré ! Nous avons tout de suite accroché à ces cinq petites strophes qui, avec leurs métaphores poétiques, nous transmettent une grande émotion. Le poème est tendre et touchant.
Et voilà ! J'espère que vous avez apprécié la lecture de ces poèmes !
N'hésitez pas à partager avec nous lequel d'entre eux vous avez préféré.
Je rappelle que les trois premiers gagnants de ce top cinq recevront un mail leur expliquant ce qu'ils ont gagné.
Merci encore à tous les participants, le choix à été difficile, et on se dit à bientôt pour un prochain article !
Enabla ;)